Création : Musée National du Moyen Age/Hôtel et Thermes de Cluny, les 9, 10 et 11 juin 1999 avec le soutien de la Fondation d’entreprise France Télécom, de l’ADAMI, du Fonds de Création Lyrique et de l’ARMMA
Action musicale et dramatique en forme de « miracle »
Musique originale : Adrienne Clostre
Livret : Adrienne Clostre d’après l’œuvre de la nonne Hrotsvitha : « Dulcitius »
Spectacle conçu et mis en scène par Alain Germain
Distribution : Alain Aubin (contre-ténor) Jacques Bona (basse) Cyrille Gerstenhaber (soprano) Andreas Jäggi (ténor) Donatienne Michel-Dansac (soprano) Françoise Levéchin-Gangloff (orgue) Alain Manfrin (trombone) Christophe Vella (percussion et direction musicale) Adrienne Clostre (la conteuse) Christof Calzado et Olivier Duguet (comédiens)
« Dans le monastère de Gandersheim, en Saxe allemande, vivait au Xe siècle une religieuse artiste et cultivée : la nonne Hrotsvitha. Pour l’édification des fidèles qui venaient prier au couvent et, comme elle nous le confie : « pour ne pas laisser le faible génie que lui avait départi le ciel, se rouiller par sa négligence », elle écrit en latin une œuvre abondante, originale et variée, composée de récits divers, de panégyriques et de six comédies. Ces dernières écrites, selon Hrotsvitha, à l’imitation des auteurs latins, de Térence en particulier, se présentent en réalité comme des petits drames sacrés dans lequel le merveilleux chrétien transfigure à tout moment le réalisme familier. Séduite par le caractère abrupt, rugueux, « essentiel » de ces œuvres – de ces comédies – que leur ancienneté même rend proches de nos préoccupations contemporaines, j’imaginai de mettre en musique l’une d’entre elles sans lui faire perdre pour autant ce caractère de drame sacré à représenter dans une église.
Parmi les six comédies, j’ai choisi « Dulcitius » qui offre le plus harmonieux mélange de tragique, de comique et de merveilleux. Loin de tout esprit de modernisation – qui bien souvent signifie trahison – j’ai tenté de mettre en lumière ce que, précisément dans ce texte, nous pouvons ressentir comme moderne : l’affirmation par de toutes jeunes filles d’une éblouissante liberté face à des hommes esclaves de leur sensualité et de leur amour du pouvoir, et encore le triomphe de la jeunesse et de la vie sur des traditions sclérosées. A la fin du dixième siècle, comme à celle du vingtième, les mêmes passions animent le cœur des hommes, les mêmes questions se posent à leur esprit.
L’œuvre est écrite pour trois voix de jeunes filles, très pures sans vibrato, une basse grave, un ténor léger, trois comédiens, un percussionniste, un trombone et un orgue baroque. »
Adrienne Clostre